« A en croire le premier résultat Google, Stéphane Blanchet est un conseiller en management grisonnant. Il habite Lyon, est âgé de 50 ans, et affiche une tête à tondre la pelouse le dimanche à 7h du mat’. Mais ce n’est pas moi. Moi, je suis Nantais et auteur. J’aime les pelouses bien hautes, mitées de trèfles, avec des pissenlits dedans. Le dimanche à 7h, je dors.
Alors quoi ?
Allais-je me battre avec Môssieur le conseiller en management pour la propriété d’un nom de famille qui m’a valu tant de sobriquets douloureux durant l’enfance ? Dont celui d’une biquette célèbre ?
Je te le laisse, mon blaze, Blanchette.
Je biaise.
Je m’invente des pseudos littéraires : Georges Beckett, Georges Procrastin… Je fais mon trou dans l’écriture. Je remporte des concours de nouvelles, même un au salon du livre de Paris, j’arrache quelques publications, je décroche un contrat d’auteur chez Évidence édition, j’en oublie presque mon concurrent Lyonnais… Quand ma mère me téléphone et demande :
— Pourquoi que t’écris pas sous ton vrai nom, mon chéri ? T’as honte ?
Le visage de mon homonyme lyonnais aux tempes grisonnantes, avec son sourire LinkedIn de gagnant de la tombola du comité d’entreprise, me revient comme un boomerang.
Il va tirer les larmes à ma mère, ce con.
Honte, moi ?
C’est ce qu’on va voir. Tremble Stéphane Blanchet, conseiller en management ; j’ai toujours haï ceux qui tondent le dimanche. Le VRAI Stéphane Blanchet, l’auteur, va reconquérir son patronyme et te piquer ta première place sur Google. Stéphane Blanchet, c’est MOI. Et tant pis si on me prend pour une chèvre, la fierté de mes pauvres parents vaut bien ça. »